En institution, les victimes sont souvent confrontées aux négligences du personnel qu’elles soient actives ou passives, intentionnelles ou non.
Dans son étude, Marie-Thérèse Casman (1998)[1] a relié les abus en institution aux violations du territoire du moi (concept conçu par E. Goffman). Les territoires du moi concernent les droits qu’une personne exerce sur un champ d’objet dont elle surveille et défend les limites. Ils reprennent :
Les espaces personnels : portion d’espace qui entoure un individu et où toute pénétration est ressentie comme un empiétement qui provoque une manifestation de déplaisir (entrer dans une chambre sans frapper ou frapper mais ne pas attendre la réponse avant d’entrer, le manque d’intimité, le manque de lieu privé pour recevoir)
La place : espace délimité auquel on peut avoir droit, la place fournit des limites faciles à voir donc à revendiquer (la place à table)
L’espace utile : espace relatif aux besoins matériels évidents (pouvoir se déplacer en chaise ou avec des béquilles ; espaces adaptés ; espaces pour fumeurs ; chambre suffisamment grande)
Le tour : ordre dans lequel une personne a droit à un bien quelconque (accès suffisant aux bains)
Les territoires de la possession : ensemble d’objets identifiables au moi (les portes laissées ouvertes et les risques de vol)
Les réserves d’informations : ensemble de faits qui concernent l’individu (non respect de la « vie privée »)
L’enveloppe : l’enveloppe, la peau et les habits qui l’entourent (attouchements, gêne engendrée par des contacts physiques lors de soins, traiter la personne « en objet de soins » plutôt qu’en sujet)
Les domaines réservés de la conversation : droit qu’a l’individu d’exercer un certain contrôle sur qui peut lui adresser la parole et quand (réglementation abusive des horaires et des sorties donc des moments de rencontre et de conversation avec l’entourage)
Ces divers éléments sont le lieu de violation, violation dont la gravité est souvent banalisée ou minimisée.
la sensibilisation du personnel à ces violations de territoire, aux différents types de maltraitance et à la prise de conscience de certains de leurs actes. Bien souvent, les professionnels n’ont pas conscience que certains de leurs comportements ne respectent pas ces territoires du moi ou sont mal vécus par les résidents. Ils sont parfois pris par la « routine » de leur travail sans même le réaliser.
le soutien et l’encadrement du personnel par le gérant de l’établissement, le(s) responsable(s) de(s) équipe(s) ou service(s)
la mise sur pied de groupe de parole permettant aux membres du personnel d’exprimer leur difficulté et/ou leur malaise face à certaines situations, de réaliser qu’ils ne sont pas seuls …
le respect des normes des décrets (Région Wallonne et Bruxelles) ainsi que l’application des différentes notions tels le projet de vie et le conseil des résidents.
le respect des règles de vie en communauté
le renforcement, via le personnel et sa relation avec la famille et l’entourage, du maintien des contacts de la personne âgée. Les visites familiales sont essentielles au maintien de l’équilibre personnel et sont source d’une vie quotidienne plus agréable. De plus, une personne entourée sera moins à risque de maltraitance de la part du personnel : des visites régulières permettent de veiller à l’état psychique et physique de la personne.
[1] CASMAN, LENOIR et
BAWIN-LEGROS. Vieillir en Maison de Repos : quiétude ou inquiétude ?
Ministère de la Politique d’Egalité des Chances, Bruxelles 1998