Il est souvent difficile voire délicat d’identifier la présence d’abus envers les personnes âgées. Néanmoins, un certain nombre de facteurs de risque peuvent être identifiés et nous permettre d’être attentifs à certaines situations. Ils se révèlent utiles afin de déceler des maltraitances potentielles mais peuvent également permettre de proposer aux aidants informels des aides professionnelles pour alléger la situation. La présence de plusieurs facteurs de risques dans une même situation ne signifie pas pour autant la présence d’actes de maltraitance. Il est essentiel pour le professionnel ou l’aidant se trouvant face à une telle situation d’en parler et de partager son point de vue avec d’autres personnes concernées. La confrontation des avis et des opinions se révèle nécessaire pour éviter d’agir sans envisager les conséquences.
Il est régulièrement répertorié des facteurs de risques de quatre ordres :
Les facteurs de risque liés à la victime :
les dépendances : qu’elles soient d’ordre physique ou psychologique, les dépendances apportent stress, attention, soins et patience de la part des aidants et rendent le senior plus à risque de subir des négligences.
l’incontinence, la diarrhée, les vomissements : de tels troubles occasionnent une surcharge de travail et ces symptômes, souvent mal tolérés par l’aidant, peuvent être responsables du rejet, de l’isolement, voir même de l’abandon de la personne âgée.
les troubles du caractère : certains seniors peuvent se montrer agressif, avoir un caractère plus « difficile » ou plus irritable, ils ne sont pas tous « angéliques »[1]. Cette agressivité de l’aîné engendrant l’agressivité des aidants par effet miroir.
les démences : elles peuvent donner lieu à un comportement incohérent risquant d’entraîner la maltraitance[2].
Les facteurs de risque liés à l'auteur :
la fragilité psychologique, la surcharge morale et affective: chaque individu possède son propre seuil de tolérance, une fois celui-ci dépassé, les risques de violence s’en trouvent accrus
les troubles mentaux
l’alcoolisme ou une autre forme de toxicomanie : lorsqu’une dépendance à l’égard d’un produit s’installe, la prise en charge d’une personne âgée s’en trouve malaisée. De plus, la dépendance à un produit facilite l’expression de comportements violents et est souvent associée à une dépendance financière.
des problèmes sociaux ou financiers : ces problèmes engendrent une dépendance de la part de l’auteur vis-à-vis de la victime (par exemple, une famille décidant de vivre « au crochet » de ses parents pour être à même de faire face à ses obligations) et renforcent l’opportunité d’abus financiers au détriment de l’aîné
l’isolement ou la marginalité : lorsque l’aidant se trouve seul à assumer la prise en charge de son aîné, il peut se trouver démuni face à la situation et se laisser aller plus facilement à des comportements abusifs
Les facteurs de risque liés au personnel d'un établissement :
le manque de formation du personnel
la surcharge, l’épuisement ou le manque de motivation du personnel : du personnel travaillant à contre-cœur auprès des personnes âgées
l’absence de discussion en équipe : le partage et la confrontation des points de vue sont indispensables dans le fonctionnement d’une équipe
Les facteurs de risque liés à l'environnement :
la cohabitation dans un espace réduit : cette cohabitation augmente les tensions et les risques d’abus
des locaux inadaptés aux besoins de la personne âgée, l’infrastructure du lieu de vie inadéquate (en institution ou à domicile) : lorsque les locaux ne permettent pas aux personnes de se déplacer aisément
des antécédents de violence intra-familiale : lorsque la violence est inscrite dans le mode de fonctionnement familial, elle augmente les risques de maltraitance envers les personnes âgées
des problèmes de gestion financière et de ressources humaines en institution
Les
situations d’abus et de négligences sont le plus souvent le fruit d’un
ensemble de circonstances, d’événements et de tensions accumulées pendant
trop longtemps. Elles résultent régulièrement de la cohabitation de divers
facteurs de risques. Néanmoins, l’objectivité est de rigueur car la présence
de facteurs de risques dans une situation ne signifie pas nécessairement la présence
d’abus ou de maltraitance. La prise en compte de la situation dans un contexte
plus large se révèle essentielle à la compréhension et la détection des
abus.
Un
geste, un mot, une attitude peut être perçu comme une agression par la
personne à qui on s’adresse. C’est pourquoi il ne faut pas vouloir juger ou
incriminer l’auteur de telles situations mais plutôt tenter d’identifier
les raisons pour proposer une aide adéquate. Voir
Services d'Aides et Recours
[1] De Saussure, C., « Vieillards martyrs, Vieillards tirelires : Maltraitance ces personnes âgées » Ed Médecine et Hygiène, France, 1999
[2] Hugonot, R., « La vieillesse maltraitée » Ed Dunod, Paris, 1998