La
prévention consiste à agir proactivement afin d’éviter que des mauvais
traitements ne se produisent. Divers éléments contribuent à prévenir les
mauvais traitements envers les personnes âgées dont l’accroissement de
l’autonomie et l’assurance d’une qualité de vie.
Les
situations de maltraitance se rencontrent en divers contextes, cette définition
s’applique aussi bien aux situations à domicile qu’aux situations en milieu
institutionnel. En effet, la prévention se doit d’être globale et généraliste.
Acteurs concernés
Différents acteurs sont concernés par la prévention des mauvais traitements envers les personnes âgées. En effet, chacun, de part son lien ou sa position vis-à-vis du senior, peut contribuer à la prévention des abus à son égard. Parmi ces acteurs, nous retrouvons
la personne âgée elle-même,
la famille et l’entourage,
les institutions et leur personnel,
les intervenants professionnels,
la société dans son ensemble,
les médias.
Chacun
de ces acteurs peut, par l’une ou l’autre des mesures préventives développées
ci-dessous, apporter son aide et prévenir les abus et mauvais traitements. Ils
ont tous un rôle à jouer et leur implication est nécessaire.
Mesures préventives
De nombreuses mesures préventives visant divers domaines et divers objectifs peuvent être initiées. Il est possible de les répartir de la manière suivante :
La conaissance des droits des aînés
Le développement de l’autonomie et la responsabilisation des personnes âgées
Le maintien des contacts, la réduction de l’isolement
L’information et la sensibilisation
L’évaluation des risques de maltraitance
La formation
L’encadrement du personnel
L’encadrement des aidants naturels
La mise sur pied de lieux de parole
La
connaissance des droits des aînés
S’assurer que les aînés
connaissent leurs droits et sachent les faire valoir est un des moyens de prévenir
les abus. En effet, une personne avisée de ses droits pourra plus facilement dénoncer
des mauvais traitements. Il est donc important d’informer les aînés de leurs
droits et de leur donner les moyens de les exercer.
Le
développement de l’autonomie et la responsabilisation des personnes âgées
Ce point est un corollaire du
précédent. En effet, des personnes au courant de leurs droits se trouvent
responsabilisées.
Néanmoins, la connaissance
des droits n’est pas suffisante au développement de l’autonomie :
favoriser la prise en charge des personnes âgées par elles-mêmes, tenir pour
acquis que ces personnes sont des personnes compétentes et leur apprendre à
s’affirmer ainsi que leur donner le pouvoir de résister à une agression sont
des pistes à exploiter pour renforcer leur autonomie. Restaurer les personnes
âgées comme des acteurs et leur permettre de développer leur identité en
maison de repos contribue également à les responsabiliser.
Le
maintien des contacts, la réduction de l’isolement
La promotion des contacts
intergénérationnels et du maintien d’un réseau d’amis et de relations
constitue une possible protection contre les abus. L’objectif est de briser
l’isolement social des personnes âgées. Ainsi, le choix d’une personne de
confiance pour les questions sociales, juridiques et financières se révèle
utile dans ce cadre.
De plus, les personnes âgées
ont un rôle positif à jouer dans le maintien des relations entre générations.
La transmission de leurs expériences, de leurs connaissances et de leur
savoir-faire auprès des jeunes générations les valorise et leur confère une
image positive.
Créer un réseau de proximité
afin d’éviter l’isolement des aidants familiaux, éviter le sentiment de
solitude des personnes âgées et travailler sur le lien social comme
construction de la citoyenneté.
L’information
et la sensibilisation
L’information dans un
contexte préventif est nécessaire mais pas suffisante. Cette information
rassemble différents axes :
1)
l’information concernant les processus de vieillissement dans l’objectif de réduire les images
négatives et briser les préjugés concernant les aînés
2)
l’information concernant les différents types de maltraitance : mieux les connaître constitue un moyen
indirect de prévention
3)
l’information concernant les facteurs de risque et les indices
permettant de déceler des abus
4)
l’information concernant les services d’aides et de soutien en cas d’épuisement (des
professionnels ou de la famille) et/ou en cas de situation de maltraitance pour
faciliter l’orientation des personnes nécessiteuses
5)
une information spécifique et quotidienne :
les aidants doivent être informés de leurs droits, être informés de la
nature des besoins de l’aidé, faire de l’aidant familial l’interface
entre l’aidé et l’aidant professionnel.
La sensibilisation
s’adresse à l’ensemble des acteurs concernés (professionnels,
famille et entourage du senior, grand public ...) et permet d’encourager la
protection des personnes âgées et le dépistage des maltraitances.
L’évaluation
des risques de maltraitance
Etre capable d’analyser une
situation et d’évaluer si des risques d’abus sont présents afin
d’adapter les comportements adéquats. Tout en sachant que chacun est empreint
de sa propre subjectivité et qu’il faut dès lors être capable de dépasser
sa première approche, de rencontrer l’entourage et les personnes concernées
par la situation en vue d’aborder une vue systémique de celle-ci.
La
formation
Les professionnels et
intervenants de tous ordre sont les principaux concernés. En effet, dans la
littérature, l’importance de la formation initiale est soulignée mais également
celle de la formation continuée. Il est souhaitable pour les professionnels,
qu’ils travaillent en institution ou qu’ils s’occupent de l’aide à
domicile, de prolonger leur formation en participant à des colloques, journées
de formation, des séminaires et conférences par exemple.
Certains pensent aussi à éduquer
les professionnels sur la relation entre les mauvais traitements et les
incapacités, sur la possibilité de découvrir une agression éventuelle et sur
la manière appropriée de les référer.
L’encadrement
du personnel
Donner
un rôle pédagogique et préventif aux professionnels, donner du sens aux tâches
effectuées, aider l’aidant familial à assumer l’avenir de son aîné,
aider l’aidant familial à éviter une crise relationnelle avec l’aidé.
L’encadrement du personnel est essentiel : lui assurer un soutien moral, valoriser ses efforts et être attentif aux situations de surmenage. En effet, un personnel soutenu et encadré sera moins sujet à des réactions maltraîtantes lors de situations difficiles.
Les établissements se doivent également d’assurer un contrôle de la qualité des services qu’ils dispensent et d’être à l’affût des situations à risques.
L’encadrement
des aidants naturels
Aider
la famille à reconnaître ses limites et à savoir se faire aider et soutenir.
La
mise sur pied de lieux de parole
Ces lieux de parole réunissent aussi bien des professionnels que des parents ou aidants naturels de l’aîné. Ils se veulent des lieux d’échange, d’écoute, de partage d’expériences et de vécu, d’expression des difficultés, d’appréciation du travail effectué. Par le soutien ainsi apporté aux professionnels et aux proches des personnes âgées, ils préviennent certains abus souvent liés au surmenage.
De
manière plus générale, l’ensemble des recommandations relatives à la prévention
devraient toucher :
des
changements systémiques afin d’éliminer les circonstances
favorisant le mauvais traitement des personnes âgées
des
mesures préventives particulières dans divers milieux visant à réduire
les possibilités de victimisation des personnes fragilisées
et à les rendre moins vulnérables aux mauvais traitements
des
dispositions visant à assurer des réponses efficaces
lorsque des personnes fragilisées sont soumises à des mauvais traitements.
Prévention spécifique en milieu familial
L’aide
à domicile est un moyen d’éviter des actes de violence intentionnel
ou non.
Le soutien de l’entourage de la personne âgée et la prévention de son épuisement.
La formation, l’information et la sensibilisation des familles et de l’aîné peuvent prévenir le risque de passage à l’acte.
La médiation familiale.
Les centres de soins de jour favorisant le maintien à domicile.
Les centres de santé mentale.
Voir aussi soins et services medico-sociaux à domicile
Prévention lors de l'entrée en établissement
La
participation de la personne âgée elle-même à la prise de décision du
placement représente un élément essentiel de cette étape. En effet, l’entrée
sera vécue différemment si elle est consentie ou forcée. Diverses études démontrent
que l’adaptation se déroule mieux lorsque la personne âgée a participé au
choix de l’établissement. De plus, le placement forcé constitue une cause de
décès importante dans les mois suivant l’admission.
Le médecin traitant peut également aider le senior à préparer son entrée en établissement, par des conseils, par une écoute attentive de ses besoins et par l’accompagnement du senior lui-même et de son entourage.
Une
entrée dans des conditions sereines ainsi qu’une préparation adéquate
constituent des moyens pour prévenir certains risques.
Un
rappel des démarches à effectuer lors de cette étape permet de prévenir
certaines plaintes. Les textes législatifs à ce sujet constituent en eux-mêmes
un outil de prévention utile à consulter dès que cela s’avère nécessaire.
Néanmoins, dans un cadre préventif, il est intéressant d’énumérer et
d’expliciter ces démarches.
La
protection du résident passe par des formalités administratives. A l’entrée
en institution, les deux parties contractent des droits et obligations.
Plusieurs documents fixant ces droits doivent être remis au résident ou
à son représentant :
Le règlement d’ordre intérieur
La convention
Un dossier individuel établi à l’admission
Le
Conseil des résidents ainsi que le projet de vie, éléments du décret
de la Région Wallonne, concurrent également à la protection des résidents et
à la prévention des abus.